— Buvez ce verre je vous prie, je vous l’offre.
— Je ne sais pas trop, ma mère m’a dit de ne jamais accepter les breuvages d’un étranger.
— Sage maxime. Mais soyez tranquille. Je vous promets n’avoir mis que du GHB. Je suis un homme sans idée.
— Vous me voyez rassurée.
— Hé bien.
— Hé bien ?
— Le boirez-vous, oui ou non, ce verre ?
— Ça dépend, où est-ce que vous comptez m’emmener ?
— Pas très loin, je le crains. Ni Bahamas ni Copacabana. Ce sera juste un viol. En aller simple.
— Ah… J’espère que vous ne le prendrez pas mal mais… n’est-ce pas une solution de facilité ? J’aurais préféré que vous vous battiez, j’aurais aimé que vous vous décarcassiez.
— Hélas, je vous l’ai dit : je suis un homme sans idée.
— Certes. Mais, vous comprenez, que, moi, j’avais dans l’idée, enfin, que, je valais, d’une manière ou d’une autre, mieux, que ça, enfin, ça peut sonner idiot, je m’en excuse, mais c’est ce que je pensais.
— Je vous comprends. Mais ne voyez aucun jugement dans ce traitement : c’est une simple traduction de mon propre manquement.
— Ah, alors, si ce n’est que vous et pas moi, je préfère bien ça.
— Tout s’arrange, vous voyez. Donc ce verre, vous le buvez ?
— Vous êtes pressé ?
— C’est que, tout de même, j’aurais peur que vous ne finissiez par appeler quelques policiers.
— Non, non, aucun risque de ce côté. J’aime ça me faire violer.
— Ah, vous m’en voyez navré.
— Comment cela ?
— Je ne le peux plus dès lors que vous aimez. Un blocage psychologique infortuné. C’est stupide : j’aime pas quand on aime.
— Ah… quel rendez-vous manqué.
— Ce sera pour une autre soirée.
— Je vous rends votre GHB.
— Non, non gardez. Il ne faudrait pas gâcher. Et puis, après tout, il vous était destiné.

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