J’ai attendu toute la journée, la petite lueur rouge, qu’elle s’allume.
Éteinte, elle tient mon cerveau, mon attention esclaves.
Allumée, elle se logerait droit dans mon coeur. Flèche de Cupidon aux pixels rubiconds.
Mais mon espoir reste lettre morte ; la bouteille en mer ne l’ai-je pas envoyée ? Aussi lointaine, est la plage où elle doit s’échouer ?
Dans l’océan virtuel, si notre message est instantané, la réponse ne semble être assurée.
Qu’importe à celle qui garde le phare, de voir le pavillon se lever ?
Le navire est à sa merci.
Qu’elle allume la lumière il arrivera au port. Qu’elle reste muette il s’écrasera sur les récifs.
Indifférente comme le néant de cette lueur qui jamais ne vint, dialoguant de concert avec le noir d’une nuit solitaire.
Peut-être le phare dédaignait une mer agitée. Triste en est le marin prisonnier, lui qui attend vainement la lumière. Lui aussi la terre il voudrait la fouler.
Doit-il renoncer à son désir, cette souffrance ? Accepter l’absence, ses ténèbres ? La morne quiétude d’une cabine, sa solitude ? L’orage passera sans qu’il soit mouillé.
Cela vaut peut-être mieux que d’être entrainé par une déception perpétuelle, ses abysses.
J’ai regardé une dernière fois avant de me coucher. Puis j’ai rigolé. C’était stupide.

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