Il nous apparaît important de revenir sur cette notion clé de la transmission de la chaleur, d’en présenter au corps citoyen les dynamiques principales, dans une époque où la bataille énergétique semble de premier ordre dans nos sociétés modernes occidentales.
Combattons déjà deux idées reçues qui subsistent malgré leur réfutation quotidienne par le réel : primo la transmission de la chaleur n’est ni instantanée d’une part, deusio elle n’est ni automatique d’autre part, bien au contraire. Effectivement, concernant ce deuxième point très important, par un phénomène rétroactif paradoxal il semble qu’un foyer se déclarant dans un endroit entraîne bien souvent la création d’une zone de froideur en réponse. Phénomène très particulier de la physique pour lequel nous n’avons pas encore toutes les explications théoriques, mais dont la connaissance pratique suffira amplement au citoyen à appréhender son quotidien.
Revenons sur la première idée reçue, à savoir l’instantanéité de la transmission de la chaleur. Il est fréquent que dans l’imaginaire courant l’on s’imagine un feu consumant d’un seul coup tout sur son passage : un immense brasier transmettant directement toute sa chaleur aux alentours, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à consumer. En réalité c’est autrement plus complexe et sauf cas particuliers (extraordinaires et fort rares) ce genre de déroulement n’arrive quasiment jamais.
Intéressons-nous donc bien plutôt à la norme car comme énoncé en incipit de notre texte nous visons avant tout à l’utilité collective : gardons-nous d’aller dans les fantasmes de la physique spéculative et restons sur les faits connus, observés, éprouvés, qui seront bien plus utiles à nos concitoyens dans l’appréhension et la jugulation de leur quotidien (qui peut parfois être très explosif si mal abordé) que quelques élucubrations fantasmagoriques du feu, élaborées dans le laboratoire obscur de quelques scientifiques à l’imagination certes fertile mais quelque peu perverse.
La transmission de la chaleur n’est donc en général pas instantanée. C’est-à-dire que partant d’un foyer d’indice 100, un autre foyer potentiel à son contact ne passera pas tout de suite à 100. Autrement dit un feu peut mettre un certain temps à s’allumer, d’abord, puis à atteindre sa pleine intensité, ensuite. Au sujet de l’embrasement, il peut exister des prémices discrètes, des braises par exemple, qui semblent indiquer un environnement propice. Il convient alors de faire très attention dans ce genre de cas, car la montée à l’indice 100 peut être très rapide.
Cependant dans notre société moderne fortement urbanisée et modernisée il est bien plus plausible que l’on se trouvera en présence de foyers plus ou moins difficiles à allumer. En effet, la taule, l’acier, le béton, tout l’édifice urbain moderne prend plus difficilement feu que les matériaux plus traditionnels type bois, charpente, etc. Ainsi pour toute prospective de la transmission de la chaleur, il convient d’effectuer une analyse de l’environnement et du matériau auquel elle fait face. À noter que si, certes, la nature du foyer de réception joue un rôle très important dans la proportion de chaleur transmise, il convient évidemment de ne pas négliger la typologie du foyer d’origine : à ce titre on peut noter des compatibilités plus ou moins bonnes entre les natures de foyer, voire parfois des incompatibilités totales. L’édification d’une table de compatibilité des foyers est à l’étude, mais devant l’immensité des types de foyer, je crains que nous ne devions attendre encore quelques années pour qu’elle parvienne à une compilation de données réellement significative.
Cela étant pour résumer cette première partie, disons simplement que la transmission de la chaleur n’est quasiment jamais instantanée, et que le processus d’embrasement prend bien souvent un temps certain, variable selon la nature des deux foyers (origine et réception) en présence. Il arrive même (et c’est de plus en plus fréquent comme nous allons le voir) que la transmission de chaleur ne s’effectue pas. On parle alors d’hermétisme de transmission de la chaleur. Ce sera notre point concernant notre deuxième idée reçue, à savoir le caractère automatique de la transmission de chaleur : Il ne serait rien de plus erroné.
En effet, comme évoqué ci-avant, la transmission de la chaleur dépend en bonne partie des foyers en présence. Ainsi, si nous faisons face à une situation d’incompatibilité totale le foyer d’origine se consumera seul tandis que le foyer de réception restera vierge de toute chaleur, et ce malgré tout le dioxyde de carbone consumé par le foyer torche. C’est notre fameux hermétisme. Cette situation peut conduire à plusieurs comportements de la part du foyer initial : ou bien il peut dans ses efforts de transmission accélérer de se consumer, on parle alors d’accélération par frustration, ou bien il peut au contraire s’éteindre prématurément, on parle alors de disparition par déception. À noter que le phénomène hermétique est de plus en plus courant aujourd’hui, tandis que l’on observe à la hausse le phénomène de déception par rapport à celui d’accélération. Les explications pour ces différentes dynamiques sont multiples et complexes, elles nécessiteraient leur développement dans un autre texte, nous en resterons à la présentation de leur existence et à leur fonctionnement basique.
Ainsi, ces deux fondamentaux de posés (le caractère non forcément instantané et non forcément automatique), observons rapidement l’évolution récente des foyers dans nos sociétés contemporaines. Car si, certes, les lois de la physique sont immuables, et nous venons de les présenter, néanmoins les environnements où elles viennent à interagir peuvent eux changer et donc cela peut de facto quelque peu modifier les dynamiques.
Ici une observation de taille qui nous semble, d’un certain point de vue, préoccupante, est la profonde diminution du nombre de foyers. Certes nous avons tous en tête ces images terribles d’incendies durant les étés, mais en réalité ces arbres cachent la forêt. En effet, en 2021 en France, jamais il n’y eut, depuis que les données sont comptabilisées, si peu de foyers déclarés dans le pays. Comme dit nous n’élaborerons pas sur les raisons d’un tel phénomène, néanmoins nous affirmerons que cette dynamique semble profonde et partie pour s’accentuer dans les prochaines années.
Certes le citoyen, plein de bon sens, se réjouira plutôt de cette nouvelle, et nous le comprendrons. Néanmoins il est à noter que si la diminution du nombre de foyers est une bonne nouvelle pour les émissions de Co2 et la couche d’ozone, cela amène tout de même à nous poser des questions sur l’avenir de notre civilisation, puisqu’il semble bon de rappeler qu’une société sans feu ne peut exister, et que c’est depuis son don par Prométhée que l’homme est devenu homme. Gardons-nous donc de penser hâtivement que la récente augmentation de l’hermétisme ainsi que la diminution du nombre de foyers sont forcément de bonnes nouvelles.
Pour conclure, concernant la transmission de la chaleur, à la vue des éléments que nous avons présentés et des dynamiques actuelles qui sont à l’oeuvre, nous pouvons dire que le feu apparaît de plus en plus condamné à brûler seul, et que, peut-être, dans un lointain avenir (mais peut-être pas si lointain que cela) il ira même à s’éteindre totalement. Gardons-nous alors d’imaginer ce qui adviendra.

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