Démangé au talon droit depuis un certain temps je m’arrêtais pour me gratter en prenant appui sur une rambarde que je croyais solide et métallique mais que je sentis soudain s’affaisser vers moi comme une chose fragile et sur le point de s’effondrer ; contrairement à ce qui avait pu me sembler cette espèce de soutien public n’était en rien fait du fier et fiable métal bien forgé mais plutôt était en cette sorte de carton-placo médiocre, qui avait certainement dû coûter un montant égal à son utilité c’est-à-dire rien. Promenant plus amont mon regard interloqué je m’aperçus que la ruelle était parsemée de ces faux appuis dont une inspection toute sommaire (un clin d’œil suspicieux) me révéla de manière immédiate qu’ils n’étaient qu’un ensemble tordu, rongé, sur le point de s’effondrer, des choses qui tenaient bien plus de la figuration conceptuelle, si l’on croyait qu’elles représentaient une digue pour nos bras ou nos coudes ou quelque partie de notre corps à supporter momentanément, que d’un soutien réel, physique, solide, bien investi et bien planté dans le bon sol français. Bref, la démangeaison ne me quittant pas je dus me résoudre à une sorte d’acrobatie fort risquée et qui ne reposait (bien aléatoirement) que sur ma faculté d’équilibre (assez médiocre) pour aller atteindre mon talon dont la piqûre continuelle menaçait de me faire interner. Ceci enfin fait je pus poursuivre ma route. Mais cette fois je prenais bien garde à rester éloigné de ces multiples faux frères cartonneux-placoteux et jugeais mes pas avec circonspection dans ce que j’avais découvert comme n’étant rien d’autre que, -et si on n’en eut pas conscience, potentiellement mortelle-, une vaste supercherie.

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