Je profiterais de la quiétude du parc.
Quelque silence, quelque repos : une belle idée.
Seulement c’était l’été.
Des imprévus.
À peine plaçai-je sur le banc mon humble postérieur en quête de paix que les perceuses chantaient. Elles mes sfuginaient le cerveau. Brutalement, directement, impitoyablement, à intervalle irrégulier : autant d’éclairs imprévisibles et terribles, terrassants. Travaux de l’école qui ne seraient pas une mélodie marginale mais l’incipit d’une grande symphonie : que les rejoigne le grondement lointain d’un avion pour le mouvement premier. L’explosion vacarmante de ses réacteurs monstrueux, le vrombissement de sa motorisation toute-puissante, le déploiement de son envolée angélique. Abruti, violenté, je gardais des fonctions cognitives suffisantes pour apprécier le pont de cette belle œuvre qui arrivait certainement. Aussitôt, le hurlement d’un enfant tentant de fuir la tyrannie parentale, ses géniteurs trop heureux de participer au chœur à leur tour, doux refrain revenant telle une ritournelle jusqu’à ce que le cochon fût enfin calmé et les porcs abattus. Intermède mozartien. Ici, le mouvement final : les perceuses qui reprenaient pour en finir avec la quiétude de mon cœur, de mon âme. Devant moi, cette pelouse jaune et sèche. Tentant, à travers les bombardements de la mécanique et de la stupidité, de me dire, je le crois, ses brins d’herbe vivotant gentiment au vent, qu’elle était, elle aussi, à cet instant, exténuée de ne pouvoir goûter, même qu’une seule seconde, au silence. Et que si elle était, maintenant, si sèche et craquelante, ce n’était pas à cause de l’hydrométrie gourdasse ou de la pluie pimbêche, mais bien à cause des incessants shhhhhi et fsssssschuu et psssssi et pffffffu et vruuuuuum et eeeeuh et Gaëeeeeeel et fseuh qui l’avaient depuis trop longtemps tamisée de toute gouttelette de tranquillité, de toute quiétude de fraîcheur, de toute sérénité aquadescente, et bazardée droit, tout droit dans le désert mondial du bruit, le Vacarmara.

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