Il chercha un endroit qui ne sentît ni les pots d’échappement ni les ordures, ni le feu putride de la cigarette, un endroit où, ne serait-ce qu’un seul instant il pût respirer mais il n’en trouva aucun et il mourut. La puanteur et le bitume l’asphyxièrent jusqu’à son dernier souffle, le firent se sentir jusqu’au bout piégé, agressé, maltraité, jusqu’à cette délivrance qui n’en fut pas une mais fut cette mise à mort immonde et noirâtre, noire de tout ce que dégoulinaient ses poumons. Le médecin parlera de « pollution » mais derrière ce terme très vague qui ne dira rien et tant de choses son vécu restera un intouché, chose abstraite dont nous ne connaîtrons ni la détresse ni la misère, l’insoupçonné de se sentir petite chose insignifiante et sans défense, continuellement brutalisée, cherchant désespérément là où et quand trouver une bulle d’air, emportant peut-être avec elle le souvenir évanescent de sa campagne d’enfance mais cela étant hautement improbable car jusqu’à son idée même avait été confisquée, enfumée, brûlée, pétaradée, tabatifiée, bitumifiée, simplement morte et pulvérisée sous les amoncelas quotidiens de cette urbaine dégénérescence débile et mortifère qui jusqu’au bout l’auront intoxiqué, lui, pris dans le carnaval Pollution, battant inlassablement spectacle et allant en cercle : des pollueurs aux pollués et des pollueurs pollués.

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