« Ce tramway est climatisé.
Pour votre confort cette fenêtre doit rester fermée.
Merci de votre compréhension. »
Fermée, doit rester fermée…
« Pour votre confort… »
Fermée, doit rester fermée…
« Doit rester… »
Fermée…
« Merci de votre… » non. Il ne comprenait plus, il était soudain pris d’un-compréhension. Il avait chaud et du mal à respirer. La climatisation certes était là mais ce n’était pas ça, il lui fallait de l’oxygène, de l’air. Tandis que tout est étrangement figé dans ce tramway, les usagers immobiles et déconnectés, lui asphyxie et ne peut plus penser qu’à cette fenêtre qui « doit rester fermée ». Il étouffe, et de son étouffement naît son incompréhension. Ça, non, il ne comprend plus, ne comprend pas que cette fenêtre doive rester fermée ; alors, dans l’énergie du désespoir il appelle le Ministère ; ils ont mis un numéro vert. Il dit : Monsieur, s’il vous plaît, les fenêtres, il faut… – les fenêtres ? Oui ? Mais non, mais non, rester fermées. Tout doit rester fermé, c’est pour vous… Monsieur, s’il vous plaît, je, j’ai besoin de respirer – mais enfin, pour vous, elles – Monsieur, non, excu.. (il étouffe, il a de plus en plus de mal à respirer) excusez-moi ce n’est pas ça qu’il faut, je vous en supplie, par pitié – très bien très bien, j’en parle au cabinet. Ce sera fait sous deux jours… six mois… quinze ans…
alors il prend le marteau rouge et fracasse de lui-même la fenêtre, ce qui réveille les usagers ; ne comprenant pas son geste, ils se révoltent contre lui, indignés, et le saisissent jusqu’à l’arrivée des hommes en armure. Qu’advint-il de lui ? On ne le sait pas.
D’ailleurs, il n’a pas existé, non.
La fenêtre ne fut jamais brisée, tout comme le numéro ne fut jamais composé.
Les usagers ne se souvinrent pas de ce jour…
La fenêtre resta bien… fermée.

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