Attraction

Souffleuse

Pris dans le magma des usagers, il s’imagine soudain une idée saugrenue : son bras droit est armée d’une immense souffleuse. Elle les disperse tous d’un seul coup, les envoie valser comme autant de confettis pointillant l’arc-en-ciel d’un chemin qu’il ne lui reste plus qu’à emprunter librement ; un joyeux sourire aux lèvres, il marche dessus, bien qu’il n’ait aucune envie de piétiner les confettis…

*

Inventaire

Pot de peinture, fauteuil roulant, asperge… non, décidément, les filles du tramway n’étaient pas bien belles ce matin-là.

*

Parcours

Il est une chose qui m’interloque, et qui, parfois, m’insupporte, c’est toute la laideur par laquelle je dois passer pour aller travailler. Elle se présente généralement comme suit : une sale trogne, les mégots, une sale trogne, les poubelles, une sale trogne, les vroum vroum, une sale trogne, le béton, une sale trogne, le dégueulis, une sale trogne… en fait, c’est un parcours à étapes. Toujours plus ou moins le même. À force on n’est plus vraiment surpris, on s’étonne simplement qu’il puisse être aussi constamment digoulasse ; une sorte de prouesse, de parfaite cohérence merdeuse, Chapelle Sixtine de la fange… Je me demande : quand même n’y aura-t-il pas, à un moment, un seul moment, ne serait-ce que, fugacement, un peu, un tout petit peu, de beauté… Je me demande : quand même, c’est curieux, cet agencement : la laideur et la beauté, qui les a réparties, qui a décidé… Je me demande : est-ce partout pareil ? Partout de la mocheté ? Avoir à faire un détour pour éviter la rigole de… On m’a parlé, oui, on m’a parlé du sud ; on m’en a dit, on m’en a dit un peu, un peu de nature, un peu de grâce, des résidus, des coquillages, la préhistoire ; date : millions d’années… Il me faudrait voir, un jour, éprouver… je vous ferais le compte rendu, je mettrais tous dans les carnets, je témoignerai, par curiosité… en attendant, ah… il me faut vous laisser, j’suis qu’à l’étape « sale trogne »… la plus longue ! de loin… de très très loin… !!!
Le temps d’éternuer – bien les asperger,
Atch !…

*

Sud

Toutes les filles du sud sont blondes. Serait-ce l’effet du soleil sur leurs boucles ? Ou bien le Saint-Esprit qui souffle sur leurs racines ? Même quand elles sont brunes elles sont blondes…

Dans tous les cas, leur beauté est antédiluvienne ; elle témoigne de celle qui fut, qui n’est plus – sinon cette réminiscence du passé révolu porté par les sottes du pays de Camus.

*

Révélation

Ce qui frappe

c’est à quel point il nous reste peu, 

peu de notre passé

*

Bouche bée

Qui met les magazines à la poubelle, leurs fantômes et leurs squelettes, leurs goules et leurs amygdales, leurs joues osseuses, anorexiques et monstrueuses. Tout cela s’en retourne du cauchemar d’où il est venu car face à l’absolue beauté les spectres s’évaporent, déguerpissent en courant pour aller dégueuler. Mais elle-même, l’absolue beauté, bientôt disparaît ; fantôme dans la grisaille béton, aperçu sur le quai, puis évanoui ; les rails, peut-être les a-t-elle enlacé ? Mais ça n’a plus d’importance, car maintenant les menteuses et les monstres elle les a congédié,
et notre monde
elle l’a sanctifié.

*

Lentilles

Des bleus, blancs, noirs, de toutes les couleurs, plein de vilaines couleurs qui même pas apparues sont déjà dissipées, tout ce tas de pucerons complètement affolés, on me dit que c’est l’humanité s’en allant travailler ? Pardon ! Pardonnez, faut me pardonner… c’est que les temps sont durs, la lentille est comme qui dirait un peu biaisée, je vois tout en sombre même le coloré. En fait tout ce qui me manque c’est : a little bit of  luce* … un repas chaud, un toit, un peu de lumière, et je crois, je crois oui que tout redevient carré, que je vous reparlerai de l’humanité !

*lumière en italien, à prononcer : loutché.

*

Uo-mini

Les hommes éprouvent une grande solitude en cette société. Et, ils ne peuvent la dépasser, car ils ne peuvent être des hommes.

Alors, ni plus hommes ni plus membres, ils ne sont plus rien.

Ce qui leur reste : l’auto-suppression ; formes diverses.

Il est un cri que l’on n’entend pas ; c’est le cri de l’homme.

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