De l’eau salée coulait de ses yeux. Alors, je me suis dit que lécher ses joues l’adoucirait. Elle m’a dit « tout ira bien », mais je ne la croyais pas. Pour cela, je la serrai contre moi sans réussir à pleurer ; ses larmes furent aussi les miennes. « Au revoir » « je t’aime » résonnèrent comme des échos.Lire la suite « Eau salée »
Archives de la catégorie : Court
Érable du Japon
Il passa le portail. De fins fils de soie striaient les herbes, c’étaient les toiles d’araignée, qui brillaient au soleil. Plus loin, la rose trémière, qui pliait sous son poids, se balançait au vent. Par terre, les feuilles sombres du prunus tachetaient le sol. Motif fauviste. La maisonnette de son père, un escargotLire la suite « Érable du Japon »
Octobre
Il fit froid lorsqu’il ouvrit la fenêtre. « Ça y est, l’été s’en est allé », se dit-il. La veille au soir ils essayaient de se glisser dans le couloir du salon avec cheminée ; sans faire de bruit, en passant par la fenêtre. Elle avait ramené son manteau sur elle ; c’est vrai qu’il faisait froid. Passé enLire la suite « Octobre »
Calife
Le palais du Calife était immense : étendu comme la ligne d’horizon, haut comme le métal d’une lointaine Tour Eiffel.— Calife ! Roi d’un pays dont les raisins ont le goût de miel et dont les fastes sont sans pareilles.— Humble pèlerin, que me vaut que tu viennes troubler mon sommeil ?— Souverain d’Orient que le soleil pareLire la suite « Calife »
Candidature
— Pourquoi souhaitez-vous intégrer notre structure séculaire ?— Vous mentirais-je si… je vous disais que c’était pour vos filles ?— Poursuivez.— À chacune de mes pieuses venues j’ai été assailli par leurs délicieuses vues… quel ballet elles m’offraient ; je les voyais glisser dans leurs couloirs, attendre, aux seuils de leurs portes, tapoter le sol,Lire la suite « Candidature »
God bless summer
Ainsi je rencontre mon ami Roger (prononcer Rogeure, il est anglais) à une terrasse de la rue Montorgueil.Fier représentant de l’optimisme anglo-saxon ayant porté son peuple pendant des siècles, il me semble pourtant d’une humeur maussade. Comment se fait-il que son menton pointant d’habitude 5 degrés plus haut (il est issu de la noblesse écossaise)Lire la suite « God bless summer »
Les chiffres
01/04/21, TGV Inoui 8642, 2nd classe, voiture 008, Place 101, départ 19h35 – arrivée 21H17. 19 place de la gare, 35000 Rennes, 17 boulevard de vaugirard, 75741 Paris. À quoi bon tous ces chiffres puisqu’ils ne nous enlaceront pas ? La solitude n’a pas de numéro. On peut compter treize hommes seuls dans une voiture, laLire la suite « Les chiffres »
Le tunnel
Traverser le terrain de tennis. Esquiver les balles, surtout esquiver les balles. Ne pas s’en prendre une dans la tête, les yeux. Les gens font n’importe quoi. Un touriste en Angleterre, il ne doit rien lui arriver, surtout il ne doit rien lui arriver. L’office de l’immigration grouille d’âmes en peine. Ma situation est privilégiée,Lire la suite « Le tunnel »
Le bruit, le silence
Le bruit, s’époumone. Quelqu’un crie, veut attirer l’attention. Que cache-t-il ? Rien. Une coquille vide. Mais cet homme qui reste assis, dans le fond, tapis dans l’ombre, c’est de cet homme que viendra l’Histoire. C’est ce chaman qui invoquera le silence apocalyptique dans lequel nous entendrons à nouveau. Il faut prendre du temps pour entendre ceLire la suite « Le bruit, le silence »
Belle putain
Que cherches-tu à me vendre, belle putain ? Que cachent tes jambes écartées, que je ne saurais voir ? Que signifie ta gestuelle mystique, ton déhanché monastique ? En quelle langue est ton sourire ? De quel pays vient ton regard, de quelle couleur sont tes yeux ? Quelle est cette mystérieuse forêt qui recouvre ta tête ? Quelle est cetteLire la suite « Belle putain »